Qu’est-ce qui fait d’un objet une œuvre d’art ?
Est-ce que l’art existe au-delà des tableaux ou des sculptures qu’on peut seulement regarder car on n’a pas le droit d’y toucher ?
Est-ce que l’art peut être présent dans des objets de notre quotidien, des objets qu’on peut toucher, utiliser, qui vivent et évoluent avec nous et partagent notre vie intime?
Ce sont des questions qui tournent dans ma tête depuis quelque temps.
Je m’intéresse à ce territoire ‘gris’ entre l’art et l’artisanat, deux notions tellement séparées dans la culture occidentale, pourtant tellement proches, quasi fusionnelles, dans d’autres cultures.
Peu après la fin de mes études et mon arrivée en France je découvre la céramique utilitaire japonaise. Je cherche à savoir plus de détails sur cet univers si peu familier pour moi et c’est de cette façon que je découvre l’approche des cultures orientales envers l’imperfection, la simplicité, le périssable, l’éphémère... Des notions synonymes à la nature humaine. En Chine, au Japon, en Corée, ça se passe autrement. Les objets utilitaires artisanaux possèdent toujours cette valeur qui les rend équivalents à des œuvres d’art.
Je découvre des écrivains qui parlent de l’art comme une expérience que l'on vit à travers l'interaction avec une oeuvre (Arnheim, Rafailidis, Dewey, Tanizaki et autres).
Il y a bien quelque chose qui se passe dans notre esprit au moment de voir une œuvre d’art. Pourquoi ça arrive ? Pourquoi une œuvre nous touche plus et une autre moins ?
Dans le cas de l’objet utilitaire du quotidien, est-ce que la forme est capable de générer une réponse émotionnelle équivalente à celle que l’on a au moment de regarder un tableau ou une sculpture? Et si c’est le cas, comment est-ce que je pourrais (re)produire cette expérience?
L’envie de répondre à la dernière question constitue l’axe principal de mon travail.
C'est un travail essentiellement concentré sur l’étude de la forme et sur sa capacité de nous générer des réponses émotionnelles.
Au tour, au colombin ou à la plaque, en me concentrant toujours sur la forme, je crée des objets bruts, minéraux, tactiles, privés de décoration pour ne garder que l’essentiel.

L'étude des formes classiques des objets du quotidien, leur décomposition et réinterpretation m'emmènent à observer leur impact esthétique et sensoriel sur moi et sur les autres. La moindre modification -du changement des proportions au rajout d' éléments accessoires- a une influence sur le caractère de la forme finie et, par conséquent, aux sensations qu'elle peut déclencher.
Malgré leur caractère souvent sculptural, mes oeuvres sont majoritairement utilitaires car pour moi, l'expérience complète de l'art se trouve souvent au delà du contact visuel. La possibilité d'interaction avec l'oeuvre crée une expérience multisensorielle qui renforce les liens entre l'oeuvre et l'utilisateur.
Suite à plusieurs années de recherches, je continue de découvrir, observer et apprendre.
En septembre 2022, je me suis installée dans le Gard. Cela a marqué un tournant par rapport à mes objectifs et à l'orientation de mon travail.
Entre octobre 2023 et mars 2024 j'ai construit sur place mon propre four à bois, un objectif tant attendu et que j'ai finalement pû atteindre. Ce four à bois est un outil essentiel à l'évolution de mon langage artistique.


Il s'agit d'un four couché à flamme directe (le même principe de fonctionnement que l'on trouve dans un four type Anagama) d'une capacité de 500L.
Mes cuissons dans ce four durent entre 22 et 35 heures, en fonction du résultat souhaité. L'approvisionnement et la préparation du bois, majoritairement résineux, sont faits par mes soins.
La cuisson au bois, une technique complexe, avec tout le travail long et laborieux qu'elle engendre, est un processus que je considère désormais indispensable pour l'aboutissement de mon travail.

Parcours
Mars-Décembre 2024: Réalisation d'une série de pièces pour le restaurant "Il Pagliaccio", 2 étoiles Michelin, à Rome
Juillet 2024: Cuisson dans un four à bois Anagama en Camargue pour l'exposition de Theaster Gates "Le Chant du Centre" à LUMA Arles
Octobre 2023 - avril 2024: Construction de mon four à bois
Avril 2022: Stage cuisson Anagama chez Michel Cohen (05)
Juin 2019: Ouverture de l'atelier
Octobre 2018 - janvier 2019: Stage à l’atelier de Stéphanie Martin. Nantes
2018: Stage de fin d'études à l’atelier de poterie Domanises à Manises. Título de Técnico Superior (équivalent au BTS).
2017: 1er prix à la Biennale Internationale de Céramique de Manises, catégorie Design de Produit, avec le collectif CSC
2016: Debut des études à l’Escola d’Art i Superior de Ceràmica de Manises.
2013-2016: European Masters in Urbanism - ETSAB. Barcelone & KU Leuven (Belgique)
2012: Diplôme d'Architecture - École Polytechnique Démocritus. Grèce